frédérique dimarco
eidolons
Eidolon signifie, en grec ancien, fantôme, image, simulacre. Chaque photographie est une captation d’un moment éphémère et magique qui ne se reproduira jamais plus. En lien avec des troubles visuels, j’aspire ainsi à développer une tension entre disparition et apparition. Je recherche le flou, la surexposition, les artefacts, l’effacement, les dérives chromatiques, la disparition... Les images, tour à tour paysages, êtres humains, bâtiments, animaux ou végétaux, sont délibérément dépourvues de contexte. Elles sont le résultat d’une collecte d’instants suspendus qui rend l’invisible visible. L’utilisation volontaire de supports argentiques périmés permet une dérive des rendus et une esthétique de l'éphémère. La narration se veut vagabonde en écho à l’errance du regard. Je ne suis pas dans l’illustration de mes troubles mais dans une transposition sensible. Les images délicates et impalpables obtenues, constituent des illusions magiques prélevées au flux du temps qui passe. Cette connexion au monde nous réconcilie avec la fragilité de la vie car de nouveaux eidolons adviennent et éclosent dans un perpétuel renouvellement.
« I met a seer,
Passing the hues and objects of the world,
The fields of art and learning, pleasure, sense,
To glean eidolons.
Put in thy chants said he,
No more the puzzling hour nor day, nor segments, parts, put in,
Put first before the rest as light for all and entrance-song of all,
That of eidolons. »
Walt Whitman
« J'ai vu un voyant,
Qui examinait les teintes et les objets de l'univers,
Les champs de l'art, du savoir, du plaisir, des sens,
Et cueillait l'eidolon.
Place dans tes chants, me dit il,
Non plus l'heure troublante ni le jour, segments, parcelles incluses en lui.
Place d'abord dans ton chant comme lumière absolue,
comme chant d'enchantement absolu
La lumière des eidolons. »
Walt Whitman